[ c'est votre premier Voyage ? ]

Le couvre feu. Le couvre feu oui, voilà oui, rien de tel.
Rien de tel, le couvre feu. Les élèves prisonniers dans leur règlement, tout ça. Pauvres cons. Prisonniers dans leurs dortoirs. Ah, ah.
Le couvre feu. Rien de, rien de tel pour un peu de. Un peu de tranquillité, oui. Tranquillité. Et puis le dos contre la vitrine. Contre la vitrine des trophées, hm, il fait frais. Rien de tel. Rien de tel, pour faire passer la fièvre.
Et la nuit dans la pièce, tout ça.
Qui peut voir le soleil la nuit ?
Hm, la nuit sans étoiles.
Le dos contre la vitrine. Contre la vitrine dans son pyjama à rayures. Rayures. Hm, du jaune, du vert, du jaune, du vert. Et son gilet de laine. Le gilet de laine noire, à la capuche pointue. La capuche pointue, rabattue sur sa tête. Sur sa tête, oui. La capuche pointue rabattue sur sa tête lui donne l'allure. L'allure d'un farfadet.
Assis par terre, en tailleurs. Le dos contre la vitrine. En train d'alligner sur le sol, avec sa carte bancaire. Avec sa carte bancaire oui, voilà oui, le rail de cocaïne qu'il va se mettre. Et quand il a fini, quand il a fini le farfadet, de retour dans sa poche la carte bancaire. Hm. Et vous savez quoi, hm, la carte bancaire ? La carte bancaire, hm, elle est presque vide. Elle sert juste, juste à aligner les rails de cocaïne qu'il se met.
Voyez-le.
Hm, voyez-le.
Sortir de la poche du gilet de laine noire un bout de papier qu'il roule.
S'accroupir à ras du sol, voyez-le.
A genoux, le dos rond, la tête penchée.
Avec sa paille de papier. On part au pays des rêves ?
Avec sa paille de papier, partir au pays des rêves.
Se foutre le nez dedans.
Se le foutre dans le nez.

[hm, je te le réserve lucius, comme tu tardes. =]

Comme les deux autres Préfets de l'école, Lucius Von Hell, en sa qualité de Préfet de Hendell, accomplissait sa ronde nocturne. Ce poste lui volait quelques précieuses heures de sommeil, mais le Suédois ne faisait pas grand chose comme le reste du monde. Alors que tous les autres adolescents se plaignaient du manque de sommeil engendré par les devoirs que ces "conn*** de profs de me***" donnaient, le Suédois faisait ses devoirs, lisait et écrivait ou bien jouait d'un instrument en enfin se couchait. Cinq heures de sommeil. Cela lui suffisait pour tenir largement toute la journée du lendemain. Quand il entendait les autres parler de huit voire dix heures de sommeil !! Seigneur... Comment faisaient-ils pour rester inactif dans un lit aussi longtemps ?

Bande de mollusques.

Il passa près de la salle des trophées et entendit un léger bruit, comme un tapotement de quelque chose de plastique contre de la pierre. Tiens donc... Lucius allait donc pouvoir s'amuser ce soir, aux dépends d'un élève en faute ! Merveilleux. Il s'approcha donc de la porte silencieusement, et apparut dans l'encadrement. La Lune projetait sa lumière dans la salle et éclairait à moitié une silhouette. D'homme.

La voix claqua, glaciale, dans l'ombre.

- Qui êtes-vous ?

Qui êtes vous ? Qui
êtes vous ? Oh, qui êtes vous ?
Il sursaute. Pris en faute.
Il se redresse, l'oeil noir sur l'objet de sa redescente.
Certainement un préfet, vu l'air qu'il a.
Certainemen un préfet, vu le ton qu'il emploie.
Prétentieux.
Un soupir blasé. Un soupir blasé souffle. Souffle dans la pièce.
Et l'obscurité.
Et la fenêtre fermée, tout ça.
Il lève les yeux, les yeux levés vers le gars. L'élève.
Le préfet.

Il se lève. Doucement. Sa paille entre les doigts.
Son regard vide sur lui. Il le. Il le dévisage sans vraiment, vraiment le voir. Et sa voix basse, un peu rauque, brise, brise le silence lourd.

"J'suis le professeur Charleson."

C'est maintenant qu'il va guetter les, les moindres réactions du préfet.
Observer le moindre, le moindre tréssaillement de la veine sur son cou,
les gestes de ses mains, de ses épaules, tout ça.
Si jamais il a vu, hm.
Personne ne doit savoir.
Non, personne, surtout pas, surtout pas un prétentieux petit préfet.
Il faudrait le coincer, alors. Ce serait dommage.

L'homme se releva, l'air pas bien en forme. Il ne chancela pas, mais il s'en fallu de peu. Quelque chose dans sa main droite, une longue tige blanche. Qu'était-ce ? Lucius n'en avait pas la moindre idée. Il s'en moquait un peu, il faut bien le dire. Cela ne semblait pas dangereux donc. Une fois l'homme relevé, le Suédois constata que ce n'était pas un élève, ou alors il était bien grand ! Mais son visage lui donnait l'air de la trentaine. Peut-être un redoublant ? Un grand déprimé de la vie qui avait décidé de ne pas avancer ?

Sur ce point là, le Suédois n'était peut-être pas loin du compte...

- J'suis le professeur Charleson.
- Enchanté. Lucius Von Hell.

Plusieurs choix se profilaient : soit il repartait comme il était venu, après tout, l'homme était un Professeur et il avait tout à fait le droit de se promener dans les couloirs de l'école à l'heure qui lui plaît. Soit le Suédois restait un peu et discutait - étrange perspective lorsqu'on le connaît un minimum. Lucius avait la très nette impression de passer sous un scanner tant les yeux vitreux du professeur le fixaient et le détaillaient. Sensation pas vraiment agréable, d'autant que l'homme devant lui n'était pas bien rassurant pour un enseignant...

- Quelle discipline enseignez-vous ?

Quelle discipline, quelle discipline est ce qu'il enseigne ?
Ah, non ! Ce petit con en face, en face là, il est en train de jouer. Jouer avec lui. Sortir sa carte espion, faire genre, genre je discute avec le professeur Charleson mais en fait, en fait je le méprise. En vérité je le déteste. Et au comble j'ai vu ce qu'il faisait, et je vais le dénoncer.
Oui, oui voilà, c'est ça.
C'est tout à fait ça.
Prétencieux.
Il voit bien les petits signe de nervosité, oui, de nervosité ! Qui trahissent son putain de mensonge.
Genre, genre quelle matière enseignez vous ?
Comme si Charleson était nouveau.
Comme s'il était nouveau ici. Tout le monde sait que le professeur de potions, tout le monde sait que c'est Charleson.
Et l'autre là, l'autre il joue à celui qui ne sait pas.
Hm, une montée d'adrénaline, oui. Violente, agressive. Mêlée de crainte et d'excitation.
Enchanté, Lucius Von Hell.
Toute cette prétention. Hm, toute cette vulgarité perverse à jouer à la politesse. Il adore ça, oui. Voilà, oui. C'est dégueulasse et ça l'excite.
Il le regarde, oui. Sa silhouette qui se détache de la lumière du couloir.
Lucius Von Hell.
Prétentieux.
Prétencieux. Prétentieux. Prétentieux.
Il sait, il sait ça se voit. Il le voit et ça se sait. Il ne faut plus qu'il sache, en tout cas il faut qu'il oublie.
Oui, oui Charleson. Il faut lui faire oublier ce qu'il a vu.
Il ne faut pas que ça se sache.
Et les picotements atteignent le bout de ses doigts. Remontent comme une vague déferlante, déferlante dans ses bras et jusqu'à ses tripes en spasmes.
La paille tombe par terre.
En un bond impressionnant de rapidité. Rapidité. Vite. Il referme la porte, il referme la porte et elle claque. L'obscurité de la pièce. E le silence lourd. Le silence sourd.
Ses mains empoignant le chandail de Lucius, Lucius Von Hell.
Lucius Von Hell plaqué contre la vitrine, la vitrine des trophées.
Et le souffle, le souffle précipité de Charleson à son oreille.

"Monsieur Von Hell, avisez vous seulement, seulement de parler de ce que vous avez vu et je vous assure, je vous assure que je m'emploierai à p...Pou...Pourir votre scolarité."

Bégaiement maladif.
C'est de naissance.
Ca s'est soigné avec le temps.
Mais tu vois des fois, des fois ça revient.

Les potions. Charleson enseignait les potions, et ce depuis quelques bonnes années déjà. Pas depuis les cinq années que Lucius était ici, avant c'était une femme, Brithwood, qui enseignait cette matière. Une vieille harpie qui n'avait pas du se laver les dents depuis que Jésus-Christ avait fini accroché à une croix de bois... C'est dire. Remarquez, l'actuel professeur ne sentait pas nécessairement bon de l'haleine et le Suédois n'allait pas tarder à le découvrir.

L'homme fondit sur lui, en un éclair, il avait fermé la porte de la salle des trophées, avait saisi le Suédois par la veste qu'il portait et l'avait plaqué contre la vitrine où se tenaient, fiers, les divers trophées des élèves de Kaedel. La vitre avait émit un son inquiétant mais n'avait pas cédé. Le coin où ils étaient étaient plongés dans l'obscurité, la Lune n'éclairait pas l'endroit. Seules leurs deux respirations, celle du professeur beaucoup plus saccadée que celle du Suédois, se faisaient entendre. Et une nouvelle fois la voix de Charleson.

- Monsieur Von Hell, avisez vous seulement, seulement de parler de ce que vous avez vu et je vous assure, je vous assure que je m'emploierai à p...Pou...Pourrir votre scolarité.
- En attendant vous pourrissez mon espace vital. Si vous vouliez bien me lâcher...

Non pas que le Suédois ne soit pas effrayé - il l'était ! tout de même, un professeur à moitié shooté qui se jette sur vous dans une salle déserte en pleine nuit... - mais la peur faisait place à un sentiment de répugnance. Cet homme le répugnait, lui, son odeur, sa voix, tout.

Il déserre à peine son étreinte sur la veste, sur la veste de Lucius Von Hell. Sans le voir, sans le voir vraiment il le toise avec mépris. Mépris.
C'est trop facile.
C'est trop facile. Trop facile de dire ça.
Il va s'en aller. Dire qu'il l'a vu. Non, ce serait pire que tout.
Que dirait-on, encore ? Que dirait-on encore ? Que Charleson se drogue ?
C'est faux. Oui, c'est faux. Il ne se drogue pas, non. La cocaïne, il dirait, c'est pas de la drogue. Ah, ah.
Pourir son espace vital.
Ah, ah. Et alors ?
Qu'est ce que ça peut bien lui faire, oui, faire à lui ?
En allant tout répéter, il est sur le point, sur le point de pourir sa vie. Sa vie est plus importante que son minable, ridicule petit espace vital à deux francs.
Prétentieux.
Comme si son espace vital comptait.
Débile.
Comme si son espace vital comptait. Il n'en a que faire. Il voudrait seulement qu'il ne soit jamais, jamais entré dans cette putain de salle des trophées. C'est vrai, merde, il a pas plutôt, plutôt des élèves à surveiller ? Des élèves qui sortent la nuit sans, sans autorisation, c'est tellement plus grave. Tellement plus grave qu'un professeur qui prend de la coke.
En plus, en dehors de ses heures de travail.
Qu'est ce qu'il a à vouloir cafter, l'autre ? Oui, parce que c'esst son rôle. Il en meurt d'envie, ça se voit même quand on ne le voit pas. Ouais, ça se sent ce truc là. Ca se sent.

"Je m'en fous de votre espace vital. Je ne vous lâcherai pas tant, tant que vous ne m'aurez pas promis."

Le Suédois resta de marbre face à ce comportement digne d'un... Camé. Le Suédois n'avait rien vu ! C'était cela le pire... De plus il se moquait éperdumment qu'un professeur se came à la cocaïne ou à quoique ce soit d'autre... Il le comprendrait même dans un certain sens : pour supporter de pareils abrutis toute la journée, il fallait au moins une bonne dose de cocaïne ! Peut-être allait-il s'y mettre aussi d'ailleurs... Remarquez, s'il demandait - même gentillement - à Charleson de lui fournir un peu de drogue, je doute fortement que le professeur, vu l'état dans lequel il se trouvait, accepte bien gentillement "d'aider" son élève...

De toute façon le Suédois ne savait pas que Charleson se droguait. La question était résolue.

- Je m'en fous de votre espace vital. Je ne vous lâcherai pas tant, tant que vous ne m'aurez pas promis.
- Je n'ai jamais rien promis à personne, je ne vais pas commencer aujourd'hui. Et puis vous promettre quoi, Monsieur ?

Rester poli, en toute circonstance. Cela allait probablement énervé le professeur encore un peu plus, mais Lucius s'en fichait. Il était bien curieux de savoir ce qu'il avait à promettre...

A croire que c'est trop.

"Ne jouez pas à ce petit jeu avec moi, vous voyez très bien ce que je veux dire !"

C'est un murmure précipité.
Un cri chuchoté.
Et c'est terrible.
C'est la crise de nerfs et la retenue.
C'est la peur et la colère, la démesure mélangée au silence.
Et c'est terrible.
Les mains crispées. Il le secoue.
Et le bruit de la vitre et le sang qui ne circule plus dans ses mains. Même s'il voulait les déserrer, même s'il le voulait il ne pourrait pas.
Il a un frisson.

"Arrêtez ! Arrêtez ça !"
Il tremble.
"ARRETEZ BORDEL !"
Sa voix explose. C'est la crise de nerfs. C'est la peur et la colère. Et c'est terrible. Il le secoue encore, plus longtemps, plus longtemps et plus fort. En même temps, entre ses dents il grogne avec, avec hystérie : "arrêtez, arrêtez, arrêtez, arrêtez ..."
Arrêtez.
Et puis ça y est, dans une dernière secousse il le lâche. Un gémissement plaintif s'étouffe dans sa gorge. Il a un violent sanglot. Un sanglot sourd. Un sanglot qui le secoue, qui le tient par son gilet. Un sanglot qui lui dit d'arrêter. Arrêter. Arrêter. Arrête !
L'air est irritant.
Il y a des couleurs dans l'obscurité. Des lumières dans ses yeux fermés, fermés de force. Il s'est accroupi, là, là a environ deux mètres de la vitrine et de Lucius Von Hell. Il s'est accroupi et il a ses bras squelettiques par dessus sa tête. Ses genoux pliés comme une feuille, suspendu par le bas au dessus du sol, il va doucement en avant, puis en arrière, en avant, en arrière, en avant ...

Et il dit : "arrêtez, arrêtez, arrêtez, arrêtez ..."

- Ne jouez pas à ce petit jeu avec moi, vous voyez très bien ce que je veux dire !
- Eh bien justement n..., commença Lucius.

Mais il ne put terminer sa phrase que le professeur se mit à le secouer comme un forcené contre la vitre. Mais que lui prenait-il ?! Cet homme était fou ! Fou à lier. Totalement. Comment osait-il s'en prendre à un élève, un Préfêt de sûrcroit, et ce en pleine nuit ! À croire qu'il ne tenait pas à son poste ! Le Suédois avait largement assez d'élément pour le faire renvoyer par la direction de l'École ! Mais là ce n'était pas franchement sa première priorité. Il apprécierait surtout d'arrêter d'être secouer comme un prunier >< ! Et Charleson qui demande d'arrêter - arrêter quoi ?! - qui l'hurle même ! Le Suédois commençait à avoir la tête qui tournait à force de se faire plaquer contre la vitre - allait-elle résister bien longtemps d'ailleurs cette fameuse vitre ? Lucius en doutait.

La dernière secousse fut la plus violente, et le verre vola en éclat, Lucius se retrouvant presque assis au milieu de la vitrine, entre une coupe offerte à un certain William Girodet pour son mérite sportifs et une médaille décernée à Julia Rodrigez pour ses talents mathématiques. Sans oublier les bouts de verre ! Les éclats de la vitrine se trouvait partout à l'intérieur de celle-ci, mais également au sol, sur une soixantaine de centimètres autour de l'accident.

Charleson s'était éloigné d'environ deux mètres du Suédois, qui ne tenait pas franchement à se rapprocher de ce fou. Il continuait de brailler "arrêtez, arrêtez" en se balançant d'avant en arrière (ou d'arrière en avant comme vous préférez XD)

- Arrêtez, arrêtez, arrêtez, arrêtez...
- Monsieur ? Calmez-vous. Que vous arrive-t-il ?

Qu'est ce qui lui arrive ... ?
Il continue de faire comme ci, l'autre, voilà ce qui lui arrive. Tout ça, tout ça c'est de sa faute. C'est lui, lui qui avait tout calculé. Lui qui a voulu tout ça, qui a tout fait pour que ça arrive.
Maintenant qu'on y est, ça le rend fou, Charleson.
Maintenant qu'on y est, ça le rend fou.
Et le balancement. Et avant. En arrière. En avant. En arrière. Calment les frissons de son cerveau. Calment le monstre qui grandit dans son estomac. Tout à l'heure il le vomira.
Sa main droite prisonnière entre ses dents, il serre. Il serre. Serre tellement fort que ça pique. Ca pique, mais il ne parle plus. Il gémit, c'est tout. On dirait qu'il pleure. Mais il gémit.
Quoique peut être qu'il pleure, aussi.
Par dessous sa capuche de lutin, il lève ses yeux, ses yeux livides vers Lucius Von Hell. Hm, tombé dans la vitrine. C'est bien, oui. C'est mieux comme ça. Il fallait au moins ça. Ca devrait le calmer, c'est mieux. Au moins ça. Oui. Voilà, oui.
Et le frisson violent qui secoue tout son corps.
C'est terrible.
Les morceaux de verre hurlent par terre. Crissent, luisent comme des étoiles, oui, des étoiles tranchantes. Renvoient les lumières invisibles, et hurlent par terre. Hurlent, hurlent, hurlent. Lui envahissent toute la tête. Prennent d'assaut ses tympans. Lui ôtent toute autre pensée que ce hurlement.
Et il hurle.
Peut être qu'il ne se rend pas vraiment compte du contexte.
Oui, c'est sur. Il a oublié le contexte.
De toute façon, ça n'a plus d'importance.
N'est ce pas.
Ces bras quittent sa tête et se serrent autour de son torse agité de spasmes. Qui sait ce qu'il s'était déjà mis avant ? Ca doit être sérieux.
C'est sérieux.

"C'EST VOUS ! C'EST VOUS LE PROBLEME, VON HELL !", il fait, en le regardant l'oeil noir. "C'est vous qui êtes fou ! Vous êtes fou ! Vous n'arrêtez pas de me regarder comme ça, il faut être fou pour faire ça !"

Et il se renferme dans la bulle de ses bras.
Pour lui même, il chuchote : "je ne suis pas fou, je ne suis pas fou, je ne suis pas fou ..."
Et puis, il y a la trace profonde de ses dents sur ses doigts.

[ je viens de me rendre compte du titre qu'on m'a mis xD ]

[Tatata ! Que TU as mis XD]

- C'EST VOUS ! C'EST VOUS LE PROBLEME, VON HELL ! C'est vous qui êtes fou ! Vous êtes fou ! Vous n'arrêtez pas de me regarder comme ça, il faut être fou pour faire ça !

D'ordinaire, le Suédois aurait méchamment répliqué qu'il n'avait pas demandé quel était le problème et que si l'homme devant lui ne comprenait pas le Français, il était inutile qu'il soit Professeur ! Mais là... C'était probablement une mauvaise idée. Le voilà qui se mordait la main ! Quasiment jusqu'au sang ! Bon Dieu mais il c'était drogué ou...

Il s'était drogué. La tige de papier tout à l'heure... Oh merde ! Et pas de la petite drogue en plus... Quel idiot. Maintenant c'était sur lui que ça retombait ! Pourquoi fallait-il que cela tombe toujours sur Lucius des tarés pareils ? L'idée de geler le prof et de le laisser là, à réfléchir, tentait bien le jeune homme mais vu que c'était un Professeur... Cela compromettrait sérieusement son avenir ! Pas vraiment utile, je vous l'accorde.

- Mais non vous n'êtes pas fou.

* Pas encore du moins... *

Lucius écarta d'un mouvement du pied tous les éclaits de verre à la portée du Professeur - un drogué sur les bras c'était suffisant, pas besoin d'avoir un mec qui se vidait de son sang en plus ! - et tenta de réfléchir rapidment. Ce qui était assez dur lorsque l'on a un mec qui répète toutes les deux secondes "Je ne suis pas fou. Je ne suis pas fou". Finalement, peut-être un peu de frais lui ferait du bien ! Lucius tendit le bras vers lui et créa une sorte de courant frais en direction du Professeur. C'est là que contrôler l'eau aurait peut-être été utile ! Un bon seau d'eau glacée sur la tête !!!

[ hey XD je n'ai pas demandé a ce qu'on m'appelle apothicaire drogué, moi ! *ricane* m'enfin. ]

Mais non vous n'êtes pas fou.
Non je ne suis pas fou. C'est ce qu'il arrête pas de leur répéter à tous depuis le début. Enfin, enfin ils comprennent. Non. Non je ne suis pas fou. Il dit. Non, non. Je ne suis pas fou.
Mais non vous n'êtes pas fou.
Avant. Arrière. Avant. Arrière. Avant.
Arrière. Avant.
Doucement.
Son pied, son pied avec le verre, il écarte. Ecoute. Le verre qui hurle, hurle sur le sol. Frotté, écrasé, déplacé, bousculé, assassiné. Il hurle, il hurle encore. Ses mains sur ses oreilles, bouchent les entrées, emprisonnent les sons dehors. Dehors.
Je ne suis pas fou.
Mais non vous n'êtes pas fou.
Je vais te faire une injection. Tu as surtout besoin de te reposer.
De l'air.
Ca va te faire dormir, et quand tu te réveilleras ...
De l'air dans les battements de la main.
... Tu verras qu'on aura laissé personne te faire du mal.
Je ne suis pas fou. Il lève, lève ses yeux. Perçoit mal, mal le geste de l'autre. Son nom. Son nom voilà. Des gestes avec sa main. Bougent, bougent, bouchent les sons. Sa main floue, ses gestes flous. Avant, arrière. Tout se confond. Les couleurs, les sons. De l'air.
Il lève, lève ses yeux pour voir. Voir. Voir sans comprendre. Rabat de force ses paupières. Sujet a une violente, violente crise d'angoisse.
Angoissante.
Il s'enferme.

"Qu'est ce que vous faîtes ... ?", il murmure, effrayé.

- Qu'est ce que vous faîtes... ?
- Je vous aide.

Ce n'était pas une sorte d'invitation, ce n'était pas comme si Lucius avait dit "J'essaie de vous aider" non non, là c'était "Je vous aide". L'homme n'avait pas le choix. De toute façon, le Suédois avait bien été tenté de répondre "Je réfléchis à si je vous congèle totalement ou non..." mais ce n'était pas utile de faire de l'humour dans ces moments là. Et l'autre qui continuait de se balancer d'avant en arrière, en ânnonant des phrases à peine compréhensible.

Lucius se demandait ce que ça allait donner au prochain cours de Potions... Avec un peu de chance, Charleson ne se rappellerait de rien. Que Luss se souvienne n'avait aucune espèce d'importance, après tout le Professeur pouvait bien se droguait s'il le voulait. En revanche, il imaginait assez mal la réaction du Professeur à l'entrée du Suédois dans la salle de cours... Il ne connaissait pas assez bien Charleson pour savoir comment il réagirait. Avec un peu de chance, il aurait tout oublié. Un peu de chance ! La chance n'avait jamais été partie prenante dans sa vie m'enfin...

Luss se concentrait pour rafraîchir la pièce, peu à peu, de la buée se formait sur les vitrines encore debout, et sur les morceaux de verre éparpillés au sol. Mais cela agissait sur l'homme, cela semblait le calmer, un peu du moins. C'était déjà ça.

Je vous aide.
Nous venons en paix, en paix pour aider les humains de la terre.
Nous venons en paix.
Je vous aide.
Ah.
Avant. Arrière. Avant.
Arrière. Avant. Arrière.
D'abord votre souffle qui fume. Longtemps, longtemps, votre souffle qui fume. Ca fume, ça fume. Et puis, on peut se dire tu ? Tu sais ça se libère, d'abord dans le bout des doigts. Dans le bout des doigts. Le tout bout. Y a les picotements d'abord, tout ça, tout ça. Ca empiète, ça progresse, ça te paralyse les bras. Les bras engourdis. Serrés, serrés et tu les sens plus. Ta tête anesthésiée. Ca te tord les entrailles, tu trembles à l'intérieur et puis ça te fige les jambes. Pour finir ça t'emprisonne le coeur et puis doucement, doucement ça te tue.
Ca t'emprisonne le coeur, tu vois. Tu ne penses plus. Plus à rien sauf qu'il fait froid et c'est ça qui te tue. Mais là, mais là c'est différent. Il fait froid mais il ne le sait pas.
Avant, arrière, avant, arrière ...
Tellement, tellement loin qu'il ne sait pas qu'il fait froid. Dans sa tête il y a du vide, il plane. En avant, et puis en arrière. La mauvaise position des jambes et le sang circule mal. C'est pas plus mal. De toute façon, il sent pas. Il sent pas. Il sent pas les fourmis dans ses pieds. Il sent pas ses tripes qui en tremblent, qui en tremblent. Il plane trop haut.
Il plane trop haut.
Le soleil chaque nuit.
La lune sans étoiles.
Et la fumée à chacun de ses souffles. Pourtant, pourtant il fume pas. Je crois. Il fume pas. Il fume pas mais il fume.
Main droite. Main gauche. Rien. Y a rien. Mais ça fume.

"Il fait froid ?", il demande, l'air perdu.

- Il fait froid ?
- Cela pourrait bien arriver.

Effectivement, une légère fumée se formait à chacune de leurs expirations désormais. Mais le Suédois n'avait pas froid, il n'avait jamais eu froid et il n'aurait jamais froid. Cela faisait partie de son don. Il commandait à la glace et au froid, et y était totalement insensible. De la même façon que sa mère était insensible au feu et aux brûlures, lui ne craignait pas le froid. À la différence près que sa mère avait du s'entraîner pour ne plus craindre le feu, lui c'était naturel. Il n'avait jamais eu froid, il lui était arrivé de sortir avec un simple tee shirt dans le parc de leur manoir en Suède, en plein hiver, alors qu'il faisait moins vingt degrès. Pas le moindre poil debout, pas la moindre sensation de froid. Il n'avait jamais connu le froid et ne le connaîtrait jamais...

- Monsieur, vous devriez vous asseoir comme il faut.

Le Professeur de Potions était assis sur sa jambe droite, et rajouter à cela le froid engourdissant que le Suédois avait produit en espérant que cela réveille quelque peu Charleson, sa jambe allait être sérieusement anesthésiée !

* Bon Dieu mais personne ne se promène donc jamais la nuit dans cette école ?! Un professeur, un élève peu importe ! Je ne peux pas laisser ce cinglé seul... *

[Y a-t-il quelqu'un qui accepterait d'aider le beau Luss ? XD]

Eleanore faisait sa petite ronde nocturne. Pourquoi avait-elle était nommée PREFETE ?
Elle était probablement la fille la plus encleinte à enfreindre les règles, de toutes les façons possibles et inimaginables, de toute l'école.
A ne rien y comprendre.
Peut-être qu'Ils espéraient que cela l'assagirait et qu'elle exercerait un certaine contrôle sur son frère, qui ne vallait guère mieux.
Allez savoir.

Bref.

En tout cas une chose était sûre : Elle avait une occasion de ne pas trop s'ennuyer.
Le bruit de verre brisé et les hurlements qu'elle entendait venait de la Salle des Trophées, pas très loin d'ici.

En arrivant, la première chose qu'elle se demanda fut "Bordel y foutent quoi là ?"
Deux personnes, une recroquevillée qui se balançait d'avant en arrière, l'autre debout, aux cheveux blancs étincelants, et des bouts de verre qui jonchait le sol.
Et surtout : Ce foutu froid.
Elle avait l'impression de retrouver son pays natal.

- Hem. Quelqu'un pourrait-il m'expliquer ce qu'il se passe ici ? Ca va pas...?

Elle se pencha sur la personne assise par terre à l'air...terrifiée, à première vue. Elle posa chaleureusement sa main sur son bras.
Elle reconnaissait le grand "blond", connu sous le surnom de "Prince des Glaces", le préfet de Hendell.

Emprisonné, emprisonné dans la grotte glacée de son crâne.
Toutes les voix sont des écos.
Ici il n'y a plus que du blanc, du bleu, du gris. Du gris.
Tous les sons sont des crissements, des crissements de verre sur le sol. Il n'y a plus personne, même pas lui. Cherchez dans le fond de la grotte votre animal totem. Câlins acolades, tout ça, comme dirait l'auteur du bouquin. Hm, le bouquin, le bouquin. Il est délicieux, si vous saviez.
La grotte glacée. Hm, c'est votre for intérieur.
Une introversion.
Il n'y a plus rien dehors de toute façon.
Dehors n'existe plus, puisqu'il ne fait aucun son.
Aucun son.
Il y a le vide de la grotte glacée.
Au fond de la grotte, cherchez votre animal totem.
Avancez, avancez, quand vous aurez trouvé les sept couleurs, oui. Voilà, oui. Quand vous les aurez trouvées, les sept couleurs, vous tomberez sur votre animal totem.
C'est facile, c'est facile. Le blanc, le blanc, le bleu, le bleu, le gris, le gris et le blanc. Les sept couleurs, vous les avez trouvées. Oui, voilà. Oui.
Son animal totem c'est la chèvre. Une biquette, avec une cloche au cou.
Elle se balance, en avant, en arrière.
Et elle broute, broutte le seul petit carré d'herbe qui est est là, là comme un rail, et elle le broutte, et quand elle a fini le rail repousse, et elle le remange.
Et elle se balance, en avant, en arrière, en avant, en arrière.
Votre animal totem c'est la chèvre.

- Hem. Quelqu'un pourrait-il m'expliquer ce qu'il se passe ici ? Ca va pas...?
- Vänster. Je n'ai jamais été aussi heureux de te voir qu'à cet instant...

Lucius n'avait pas d'affinité particulière avec les Vänster - pas encore du moins *sifflote* - mais il les respectait. Ils étaient peut-être même les seuls élèves que le Von Hell respectait réellement. Peut être allait-elle pouvoir l'aider. Du moins elle allait pouvoir chercher quelqu'un l'Infirmier de préférence. Lui saurait quoi faire de ce... Ce drogué ! Oh mais...

- Éléanore, ton pouvoir est bien de maîtriser les illusions ? Eh bien sert-en pour le sortir de sa torpeur. Je ne sais pas ce qu'il a prit comme substance, toujours est-il que cela lui fait de l'effet ! Cela fait dix bonnes minutes qu'il est ainsi. J'ai essayé de le faire revenir à lui en le refroidissant un peu mais j'avoue que cela n'a pas fait grand chose.

Prenez bien en note que Luss venait d'avouer qu'il avait quasiment échoué ! Quasiment. Cela avait tout de même un léger effet sur le Professeur, il avait perdu son agressivité. Mais on aurait dit un vieux légume atrophié... Éléanore allait certainement pouvoir l'aider grâce à son pouvoir. Luss l'espérait, à vrai dire il apprécierait de retrouver son lit douilleux à cette heure-ci...

Ouhlà.
En fait, la silhouette vaguement humaine par terre était un prof. Elle l'avait déjà croisé.
Quand au préfet de Hendell, elle le connaissait déjà. Vaguement, okay, mais bon les Vänster connaissaient beaucoup de monde dans l'école sans vraiment les connaître.

- Arf. Qu'est-ce qui s'passe Luss' ?

Elle avait pris l'habitude de l'appeller comme ça depuis le jour de leur rencontre. Elle trouvait ça plus sympathique que Lucius, qui est un joli prénom mais qui faisait un peu...Sombre, disons.

- Nyu ? Aie tout s'explique U___U Okay j'vais essayer.

Deux fois en peu de temps qu'elle entendait le mot "drogue"... Fou le nombre de gens qui sombrent dans cette addiction dangereuse.

Qu'allait-elle pouvoir faire pour le sortir de...ça ?
Faire apparaître un paysage paradisiaque histoire de l'apaiser ? Stupide, il pourrait devenir fou......
Le mieux était encore de lui faire peur.

Uuuu..
Seulement...
Son pouvoir marchait seulement avec des sons. Ce genre d'image devrait avoir besoin d'un son puissant et désordonné, brutal.
Dans ces cas-là elle avait toujours une flûte sur elle. Une petite flûte en argent, discrète, qu'elle avait eu pour l'anniversaire de ses 9 ans.
Elle la porta à sa bouche, posant délicatement ses doigts sur les pitits
trous de la mini-flûte FLÛTE POWAAA (Fallait que je mette une connerie).

Un son étrange en sorti. Sec et cassant.
Chrleson et elle virent soudain la même chose, un désert infini. Charley y était le seul être vivant à des kilomètres à la ronde.
Sol dur, aride. Un soleil étrange, rouge.

Trois notes puissantes. Soudaines.
Trois bombes explosèrent dans le désert.

Une salve de notes en staccato, toujours si dures. Comme surgissant de nulle part dans la mélodie.
Une bonne vingtaine de bombes tombèrent partout. Elles ne s'arrêtaient plus.

C'est la grotte. C'est la grotte et la glace. La chèvre, tout ça. Hm, et l'herbe. Verte et fraîche. Verte, verte et fraîche. Fraîche, oui. Voilà, oui. Fraiche. Herbe. Glace.
Et puis. Et puis il faudra leur dire, leur dire pourquoi. Pourquoi ça devient le désert, et tout ? Comment dire. Ouais, voilà. C'est ça. D'un coup le désert. Chaleur, hm. Solitude, tout ça. Vous savez, c'est quand c'est tellement vaste autour que ça vous en donne des vertiges, ben là c'est ça. C'est tellement, tellement vaste au sol qu'il s'en laisse tomber. Assis sur le sol dur. Le sable comme des dalles de pierre.
Les dalles de pierre comme du sable.
Hm.
C'est dur.
Et puis ça explose.
Quoi, quoi ? Rien. Tout. Une explosion et le sable, le sable qui vole. Une fois, deux fois.
Trois fois.
Et encore, et encore. Des explosions à tout, à tout va. De partout. Le sable, tout ça, le sable vole en éclats.
C'est la fin. Hm.
Voilà, c'est l'apocalypse.
Son corps comme une boule de nerfs, à raz du sol, oui, loin des explosions. Il tremble et tout ça c'est des spasmes, des spasmes qui le secouent. Et la peur et le bruit, tout ça, ça lui retourne l'estomac. Il vomit. Les yeux fermés. Les mains rabattues, rabattues sur ses oreilles affolées.
Il vomit.
Il vomit ses tripes et tout ce qu'il y a dedans.
Il vomit le sang saturé, saturé qui le sature.
C'est mauvais. C'est mauvais, mon gars, c'est mauvais.
Et les explosions de partout, tout ça, il gémit.
De peur et de mal.
Sa gorge en feu.
Les sucs gastriques tout ça, et le gout dans sa bouche.
Ca le brule. Ca le brule.
Le sable sec dans sa gorge, dans ses yeux.
Ca l'arrache, ça l'arrache tout ça.

- Nyu ? Aie tout s'explique U___U Okay j'vais essayer.
- Essayer ? Oh non ma chère, tu vas y arriver. Il est hors de question que je passe ma nuit à essayer de ramener à lui ce légume atrophié.

Le ton du Suédois était catégorique. À la limite, il n'aurait aucun remord à abandonner ici Charleson. Peut-être celui-ci finirait-il par s'endormir... Ou bien vomirait-il ses trippes jusqu'à n'en plus pouvoir, finissant étouffer dans ses propres réjections. Luss s'en moquait, tant qu'il pouvait dormir un minimum... Mais Éléanore allait pouvoir faire quelque chose, c'était certain. Comme cela l'optimisme ne colle pas avec le caractère que je donne à Luss ? Mais c'est pas LUI qui est optimiste, c'est MOI.

La Préfette semblait se concentrer, et Luss en déduisit qu'elle s'efforçait de créer une illusion suffisament puissante pour faire émerger l'autre drogué de Prof de Potions... Ah bah ils sont beaux les "Adultes" ici... Pfff... Heureusement qu'une certaine Madame Von Hell vient relever le niveau, n'est-ce pas ?! Bref, le parfait petit Professeur de Potions se mit à vomir, et pas qu'un peu... À tel point qu'au bout de quelques instants, ce fut du sang qu'il cracha. Lucius allait finir par réellement quitter la pièce à ce rythme là... Qu'avait-il fait pour mériter cela ? Quel est l'imbécile qui l'avait maudit à ce point là ? Oh, là il y avait une bonne centaine de propositions... Quasiment tous les élèves de Kaedel.

- Éléanore, puis-je savoir ce que tu lui fais voir pour que cela lui fasse un tel effet ? ... C'est répugnant...

Une moue dégoûtée s'afficha sur le visage cadavérique du Scandinave, tandis que Charleson recrachait une nouvelle giclée de sang. Répugnant...

Ses doigts dansaient littéralement sur la petite flûte traversière.
Elle montait l'échelle chromatique à grande vitesse.
Double-croche. Septolet. Trille.
Forte.

Les bombes semblaient pleuvoir de l'immensité bleutée du ciel.
Charley vomit. Charmant...

- Éléanore, puis-je savoir ce que tu lui fais voir pour que cela lui fasse un tel effet ? ... C'est répugnant...

Elle lui lança un regard qui signifiait clairement "Tu voudrais peut-être prendre sa place...?"
Ne voyait-il pas qu'elle n'était pas dans la possibilité de lui répondre ?

Elle se reconcentra sur la musique.

La cavalcade laisse place à une douce mélopée.
Blanche. Le mi.
Noire. Le sol.
Noire pointée. Le la.
Suite de note liées, étrangement hypnotisantes.

Une jeune fille aux cheveux d'or s'approche de la sihlouette prostrée au sol.
Eleanore.
Charley.

Elle lui tend la main. Le son s'arrête autour de lui, il n'entend plus que le son mélodieux de sa voix [Allez viiiiens ! Ecoute le son mélodiiieux de ma voix <3 Ahem okay j'me tais "^^].

La vraie Eleanore se place à la hauteur de l'homme, tendant sa flûte à Lucius et chantant pour ne pas rompre l'illusion.

C'est une main. Mister Charleson, on te demande.
Eh, Mister C., Mister C, on te demande.
La main, là, au bout du fil, tu vois c'est pour toi.
Et ou sont les bombes, on dit ? Ou sont les explosions tout ça ? Disparues, et puis sa main tremblantre, aussi blanche que son visage, son visage de mort, ouais. Elle se lève, se lève doucement et attrape celle du messie.
Le messie.
Mesdames et messieurs, deux mille shillings seulement pour voir le messie. Vingt mille shillings mesdames et messieurs, le billet d'entrée, ce sera dans le nez. Allez Mister C., on m'a envoyée pour vous aider à redescendre.
Redescendre.
Redescendre.
Oui, redescendre. Au moment de redescendre le messie apparaîtra. Mesdames et messieurs deux mille shillings seulement. Et sa main dans la sienne, vous savez, c'est comme dans les rêves. Le contexte change d'un coup, et on ne se pose même pas de questions. Là c'est pareil. On passe, on passe du désert à une salle quasi-déserte. Des bouts de verre par terre, des gens. Mais tout reste flou. Comme dans les rêves. Comme dans les rêves, au réveil t'as plus que des bribes. Comme dans les rêves on ne comprend pas, mais c'est pas grave. C'est pas grave, non. C'est pas grave.
C'est normal.
Et sa main, crispée dans la sienne. Ses yeux dilatés, l'iris quasiment noir. La compréhension, la compréhension est nulle. Bien sûr. Mais c'est comme ça.
On ne se pose pas de questions.
On ne se pose presque pas de questions.

"Où sont les avions ?"

Pour répondre à la question du Suédois, la Préfette lui décocha un regard noir qui n'incitait pas à la réplique. Luss n'était pas franchement impressionné par ce genre de regard, mais disons que là sa principale priorité était que le Professeur de Potions cesse de vomir à leurs pieds... Bonne idée non ? Les chaussures de cuir du Suédois n'appréciaient pas vraiment ce traitement ! Et puis même, c'était dégueulasse, sans parler de l'odeur pff... Quel gros dégueulasse ce prof, beuârk xD

Éléanore s'avança vers Charley toujours à moitié couché au sol, puis d'un coup elle cessa de jouer mais si mit aussitôt à chanter. Seigneur, cette jeune fille était une véritable virtuose ! Elle jouait divinement bien de la flûte et chantait merveilleusement bien. Dommage que cela soit en de telles circonstances, sinon Lucius aurait agréablement profité du spectacle. Il prit l'instrument tendu, et assista silencieusement à la suite des opérations.

- Où sont les avions ?

Quels avions ? Que lui avait-elle fait voir ? Il fallait à tout prix qu'il sache, cela lui titillait la curiosité au plus haut point ! Enfin là elle chantait, ce n'était peut-être pas le meilleur moment pour lui poser la question...